Le collège

Nouvel article de votre rubrique étymologique ! Un mot à fêter toute l'année 🎁🎈!

Par VALENTINE MUR, publié le dimanche 14 mai 2023 09:42 - Mis à jour le dimanche 28 mai 2023 11:03
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Votre rubrique étymologique préférée 😊 revient vous parler d'un mot qui a son importance au moins une fois par an pour chacun d'entre nous ! Avez-vous deviné de quel mot il s'agissait, chers lecteurs...?

Aujourd’hui, le choix du mot de la semaine est motivé par un événement d’ordre personnel :

mon anniversaire (et celui de plusieurs proches !) à venir ce mois-ci !

C’est pourquoi, je vous propose de découvrir l’origine et la famille du mot :

ANNIVERSAIRE ❤

  1. D’où vient ce mot ?

« Anniversaire » est d’origine latine : il est composé du nom « annum » (année) et du verbe « verto » (participe passé « versus ») qui signifiait « tourner, changer ». Etymologiquement, c’est donc le jour où l’année tourne, change : un cycle finit et un nouveau commence !

Bien sûr, vous pensez (et vous avez raison) à certains mots de la même famille :

  1. Le verso d’une feuille, par exemple : c’est le côté que l’on (re)tourne
  2. Etre versatile : avoir un caractère changeant (on dit aussi « lunatique », car on change d’avis et d’humeur comme la lune change de phases dans le ciel)
  3. Adversaire : mot à mot, c’est celui à qui l’on tourne le dos

Le mot « vers » (que ce soit le nom commun ou la préposition) et le verbe « verser » viennent aussi du même verbe latin mais leur sens a beaucoup évolué.

J’ajoute à la liste un très joli mot issu d’« annum » : l’adjectif « suranné ». En Français, il est synonyme de « démodé, désuet » mais étymologiquement il signifie : « qui a –seulement- plus d’un an » !

 

  1. Le saviez-vous ? 

    Les Grecs ne fêtaient pas les anniversaires des individus, mais ils croyaient en revanche que chacun était accompagné d'un esprit protecteur, le daimon, qui veillait sur lui jusqu'à sa mort. Ce daimon était en relation directe avec la divinité présidant au jour natal et les hommes se réunissaient pour célébrer chaque mois le jour anniversaire de ces divinités.

Par exemple, les adorateurs d'Artémis, déesse de la lune et de la chasse, célébraient son anniversaire le sixième jour de chaque mois : ils préparaient à cette occasion un gâteau de farine et de miel, de forme ronde pour symboliser la lune. On disposait dessus des bougies, représentant la lumière lunaire... Ce qui doit logiquement vous rappeler quelque chose 🎂.

Les Romains reprennent l'idée d'un esprit protecteur : à Rome, le daImon devient Genius (Génie), sorte d'ange gardien qui accompagne l'individu tout au long de sa vie. On parle de "Genius natalis" pour les garçons, et de "Juno natalis" (c’est la déesse Junon, protectrice des femmes) pour les filles.

            L'anniversaire de sa naissance (dies natalis en Latin) est considéré comme un jour faste : on porte pour l'occasion une tenue blanche, de préférence neuve, comme un symbole de pureté et de renaissance. Accompagné de ses amis et de sa famille, on sacrifie à son Genius ou à Junon des couronnes de fleurs, des gâteaux, du vin ou de l'encens. On allume des bougies sur l'autel et on prononce la vota, formule rituelle par laquelle on sollicite la protection du Genius (ou de Junon donc) pour une nouvelle année.

            Paradoxalement, on croit aussi que le jour de son anniversaire, un individu est davantage menacé par les mauvais esprits. Une fois la cérémonie en l'honneur du Genius/de Junon achevée, il convient donc de les effrayer et, pour se faire, on s'entoure de ses amis et de sa famille, chacun apportant un cadeau et formulant des vœux afin de faire fuir les mauvais esprits. A l'origine, les souhaits de bon anniversaire sont donc une sorte de formule magique émise pour protéger du mauvais œil ! Oublier un cadeau serait signe de malheurs à venir : vous êtes prévenus !

Voilà, chers lecteurs !

Très bonne continuation à vous et felix dies natalis à tous ceux et celles qui sont nés en mai

🎈🎁🎂!

Mme MUR

 

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.

Pierre Corneille (dramaturge, XVIIè s.)